Le dernier « Village des opportunités des jeunes », orchestré sous l’égide du ministère de la Jeunesse, devait être un phare d’espoir. Sur le papier, la promesse était claire : emploi, réseautage, formation, financement. Sur le terrain, la réalité a été tout autre, transformant un événement à haut potentiel en une foire au divertissement creux, révélant un profond fossé entre les discours officiels et les attentes légitimes de la jeunesse congolaise.
Des centaines de jeunes, entrepreneurs en herbe, diplômés désireux de se lancer, sont venus avec un dossier sous le bras et de l’espoir plein les yeux. Ce qu’ils ont trouvé ? Une atmosphère de kermesse où l’essentiel des « opportunités » semblait se résumer à la distribution gratuite de préservatifs et de cartes SIM.
« On nous a vendu du rêve, on nous a donné des gadgets. Nous attendions des rencontres avec des recruteurs, des ateliers concrets de montage de projet, des pistes vers l’emploi. À la place, on a eu droit à de l’animation sonore et des stands publicitaires. C’est une mascarade. » se livre Anita makambu.
Pourtant, lors de son adresse à la Nation, le Président de la République, Félix Tshisekedi, a présenté un bilan chiffré, apparemment satisfaisant. Sur les 12.000 participants annoncés, les autorités font état de +2.190 jeunes formés, 235 stages obtenus, une cinquantaine d’emplois décrochés et une trentaine de sélections pour des financements.
Des chiffres qui, entendus de loin, pourraient laisser croire à une réussite. Mais sur place, ces statistiques sont accueillies avec une défiance massive. « C’est du pipo, ils ont menti le président de la République », s’insurge une jeune femme, en commentaire du post du media en ligne strong2kinmoov .
L’autre d’ajouter :
« Quelles formations ? En deux jours, avec un simple questionnaire, on devient ‘formé’ ? Et ces emplois… personne ne connaît les heureux élus. On a l’impression que ces chiffres sont sortis d’un chapeau pour faire un beau rapport au Président. »
Par ailleurs, le scandale n’est pas tant dans l’organisation d’un événement festif, la jeunesse a aussi besoin de détente mais dans le détournement sémantique et politique d’une promesse cruciale. Dans un pays où le chômage des jeunes est une bombe sociale à retardement, organiser un « Village des opportunités » qui évacue le cœur du sujet est plus qu’une déception : c’est une trahison.
Le « Village des opportunités » est le symbole d’une gouvernance du simulacre. On simule l’action, on simule les résultats, on simule l’écoute. Pendant ce temps, la colève et le désœuvrement gagnent du terrain.
Il est temps que le gouvernement, à commencer par le ministère de la Jeunesse, arrête de considérer les jeunes comme une foule à distraire ou à chiffrer pour les besoins d’un discours. Les jeunes Congolais méritent des engagements transparents, des mécanismes vérifiables et des résultats tangibles.
La vraie opportunité, aujourd’hui, serait que le pouvoir écoute vraiment la clameur montant de ce « village » et transforme enfin ses promesses en actes concrets. Le compte à rebours est enclenché. La jeunesse congolaise attend des ponts vers l’avenir, pas des leurres.
En savoir plus sur Talents2kin
Subscribe to get the latest posts sent to your email.