Au cœur de Kinshasa, une nouvelle tendance musicale émerge et prend d’assaut la scène urbaine : le phénomène des rappeurs « Lil ». Ces artistes, nombreux et variés, ne se contentent pas de rapper à proprement parler. Leur approche audacieuse et surprenante consiste à imiter des cris d’animaux, soit rapper en langue maternelle truffée des paroles obscènes, ce qui pourrait sembler absurde au premier abord, mais qui attire pourtant un large public.
Parmi les figures emblématiques de ce mouvement, on retrouve Lil Soso, célèbre pour ses imitations hilarantes des cris de poules. À ses côtés, des artistes comme Lil Ntaba, qui offre une performance inspirée des bêlements de chèvre, ou encore Lil Koko, Lil Muyaka, Lil kovo, Lil mukinza… qui ne se privent pas d’incarner les sons de divers animaux et autres. Ces imitations sont souvent accompagnées de gestes exagérés, ajoutant une dimension théâtrale et humoristique à leurs performances.
Cependant, cette vague de « Lil » n’est pas sans controverse. Les puristes et les défenseurs du rap traditionnel, tels que le rappeur NEGOS, dénoncent cette dérive qu’ils qualifient de « niquage » du game. Dans une récente chanson, NEGOS exprime son mécontentement face à ce phénomène, soulignant que le rap, art de la parole, devrait avant tout véhiculer des messages forts et authentiques, plutôt que de se transformer en un spectacle de bruits et de gestes.
Pourtant, le succès de ces artistes ne peut être ignoré. Ils captivent un public jeune en quête de nouveauté et d’authenticité. Les dessins animés viraux de Lil Soso et les vidéos humoristiques de Lil Ntaba on littéralement explosé sur les réseaux sociaux, montrant que ce style, bien que controversé, résonne avec une génération avide d’expériences nouvelles.
Ce phénomène soulève aussi des questions profondes sur l’évolution de la musique urbaine à Kinshasa. Est-ce un simple engouement passager, ou un reflet d’un changement plus large dans les goûts musicaux et les attentes du public ?
Dans un monde où l’innovation est cruciale, ces artistes pourraient être les précurseurs d’un nouveau genre musical hybride, mêlant humour et art sonore, et redéfinissant ainsi les frontières du rap. Le débat est donc ouvert : entre tradition et modernité, où se situe le futur de la scène musicale congolaise ?
Ce qui est certain, c’est que tant que la passion et la créativité continueront de régner, Kinshasa aura encore de nombreuses surprises à offrir.
✍️ Pop KIDIMBU
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