Face à la montée inquiétante des violences en ligne ciblant spécifiquement les femmes et les filles, le ministère du Genre, Famille et Enfant a pris une initiative remarquée ce lundi. Une trentaine d’ influenceurs sociaux se sont réunis au restaurant Nyumbayi, dans la commune de la Gombe, à l’invitation de la ministre Micheline Ombae, dans le cadre des 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre.
Un phénomène « destructeur, humiliant et profondément traumatisant »
Cette année, la campagne nationale s’articule autour du thème :
« Ensemble, luttons contre les violences numériques faites aux femmes et aux filles ». Un choix qui reflète la prise de conscience des nouvelles formes de violence qui prolifèrent dans l’espace digital congolais.
Devant l’assemblée de créateurs des contenus, la ministre Ombae a dressé un constat alarmant :
« Le numérique doit être un espace de liberté, de créativité et de respect, jamais un terrain d’agression. » Elle a dénoncé avec fermeté l’explosion des cyberviolences, cyberharcèlement, attaques sexistes, chantage numérique, diffusion non consensuelle d’images intimes, qualifiant ce phénomène de « destructeur, humiliant et profondément traumatisant ».
Les influenceurs, nouveaux « agents de changement »
L’approche est innovante, plutôt que de simplement condamner, le ministère choisit d’impliquer directement ceux qui façonnent les conversations en ligne.
« Nous vous invitons à devenir des agents de changement », a lancé la ministre aux influenceurs présents, reconnaissant leur pouvoir de transformation sociale.
Une invitation immédiatement relevée par Dady Michel, président de la Fédération des tiktokeurs congolais, qui a pris l’engagement solennel au nom de sa communauté :
« Sensibiliser, éduquer, prévenir, dénoncer… tel sera notre rôle. » Il a également plaidé pour une meilleure vulgarisation du Code du numérique et des sanctions prévues contre les auteurs de contenus préjudiciables.
Une vision claire : transformer les plateformes en espaces sécurisés
Par ailleurs, la ministre Micheline Ombae a exposé une feuille de route ambitieuse mais nécessaire : faire des plateformes digitales des espaces sécurisés pour toutes les Congolaises. Pour y parvenir, elle a exhorté les influenceurs à adopter une triple mission :
- Promouvoir des comportements respectueux dans leurs productions
- Valoriser systématiquement les femmes dans leurs contenus
- Orienter les victimes vers des services spécialisés
La ministre a également salué l’engagement des plus hautes autorités, rendant hommage au président Félix Tshisekedi pour « sa volonté de protéger les femmes » et à la Première ministre Judith Suminwa pour « sa direction des actions gouvernementales » en matière de lutte contre les VBG.
Un engagement symbolique et concret
Lancée le 25 novembre, la campagne se poursuivra jusqu’au 10 décembre. Les créateurs des contenus présents ont choisi de lancer symboliquement leurs propres « 16 jours d’engagement » lors de cette rencontre, marquant ainsi leur détermination à faire du numérique un espace d’émancipation plutôt que de violence.
Cette initiative du ministère du Genre, Famille et Enfant démontre une compréhension fine des enjeux contemporains : en associant les architectes des conversations en ligne à la lutte contre les cyberviolences, elle ouvre la voie à une transformation durable des pratiques numériques en République Démocratique du Congo.
Dans un pays où la connexion digitale ne cesse de croître, cette alliance entre pouvoirs publics et influenceurs pourrait bien constituer un tournant décisif pour la protection des femmes dans l’espace numérique congolais.
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