Au lever du jour, le long de la route principale de Matadi Kibala, une multitude de femmes mamans dressent leurs étals improvisés sur le sol poussiéreux, pour vendre fruits, légumes, vêtements, ou autres marchandises. La scène, vibrant de vie et d’énergie, cache une réalité bien plus sombre : celle d’un secteur informel qui, bien que vital pour leur survie, expose ces vendeuses à des risques majeurs, tout en illustrant l’échec à offrir un marché moderne digne de ce nom.
La survie au quotidien : vendre au sol, une nécessité
Les vendeuses, majoritairement en situation précaire, privilégient ces emplacements informels parce qu’ils leur permettent de toucher directement leur clientèle locale.
Selon plusieurs d’entre elles, le marché camp PM situé à quelques mètres ,c’est difficile d’avoir les clients depuis que ce dernier a connu un incendie. De plus, la construction du marché municipal moderne qui a été promise n’a pas été faite jusqu’à présent.
“Nous n’avons pas d’autre choix que de vendre ici, cela nous permet de gagner le peu d’argent dont nous avons besoin pour manger, habiller nos enfants et payer nos petites dépenses”, confie Fatou, vendeuse de fruits.
Les dangers et les risques : entre fatalité et urgence
Une telle vente en plein air n’est pas exempt de dangers. La proximité de la route, la circulation intense, combinée à des infrastructures défaillantes, crée un cocktail explosif de risques : accidents de la circulation, électrocutions, violences ou vols. La situation est encore plus alarmante à cause de l’état dégradé de certains câbles électriques. En 2022, un câble de haute tension s’était détaché d’un pylône voisin et avait causé la mort de plusieurs femmes vendeuses, choquant la communauté locale.
Les câbles électriques : un danger permanent
Les câbles aériens, souvent apparents, sont un enjeu majeur de sécurité. Plusieurs cables électrique ont été signalés comme étant défectueux ou mal fixés. La menace qu’ils représentent n’est pas seulement théorique. Lors d’une forte tempête ou de travaux de maintenance, leur état vulnérable peut entraîner un contact fatal pour des passants ou vendeurs.
Accidents de la circulation
La Route de Matadi est fréquentée par des véhicules venant du Kongo Central, circulant à grande vitesse. À plusieurs reprises, des accidents mortels ont été enregistrés, impliquant des véhicules qui n’ont pas pu freiner à temps souvent parce que les vendeuses ou des passants traversaient la route ou s’étaient arrêtés pour vendre leur marchandise. La promenade quotidienne peut ainsi tourner au drame en quelques secondes.
La délocalisation provisoire : un pari pour la sécurité
Face à ces risques, le chef de l’état avait enjoint le gouverneur de la ville de l’époque Gentiny Ngobila a délocalisé le marché et construire un marché municipal moderne. En attendant, le marché a été temporairement délocalisé le vers le camp PM, un domaine militaire qui est non loin. Cette opération, qui s’inscrivait dans une volonté d’amélioration des conditions de travail des vendeuses, soulève cependant des défis. Parce que la délocalisation avait pour durer de 8 mois mais hélas, cela fait plus de deux ans déjà.
Le défi de l’intégration
Cette relocalisation n’est qu’une étape. Pour que ces femmes puissent continuer leur activité dans de meilleures conditions, il faut un véritable plan de développement urbain. La construction d’un marché moderne, avec des infrastructures durables, une sécurisation permanente et un accès pratique aux services de base, certains y voient la seule solution pérenne.
Enjeux sociaux et économiques
La situation de ces vendeuses reflète aussi un problème plus large d’intégration des activités informelles dans le tissu urbain . Elles jouent un rôle économique vital, alimentant l’économie locale, mais restent marginalisées en matière d’accès à des structures modernes, de sécurité et de reconnaissance.
Il conviendrait que les autorités prennent en compte ces acteurs traditionnels dans la planification urbaine, en leur proposant des espaces adaptés, sécurisés, et des formations pour améliorer la qualité de leurs produits et leur organisation.
✍️ Pop KIDIMBU
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