Youssoupha est né à Kinshasa en République Démocratique du Congo (ex-Zaïre) d’une mère aux origines sénégalaises et d’un père chanteur de variétés congolaises. Résté proche de l’environnement familial de sa mère, il a été élevé dans la religion musulmane et selon les traditions ouest africaines. Mais c’est bien sûr au cœur des bidonvilles de Kinshasa qu’il a grandit et s’est imprégné de la joie de vivre et de la fantaisie des habitants de Kinshasa qui pour la plupart, vivent dans la pauvreté. Même s’il connaît une enfance heureuse, Youssoupha est dès son plus jeune âge exposé à la dérive d’un pays tenu et exploité par la main de fer du président Mobutu. Depuis cette période, Youssoupha porte un regard très critique sur les dirigeants politiques africains et sur leurs amitiés cyniques en occident.
Doué à l’école, sa mère met tout en œuvre pour lui assurer une scolarité ambitieuse. C’est dans cette optique qu’elle envoie son fils poursuivre ses études chez sa tante récemment arrivée en France. En 1989, il rejoint donc ses cousins et leur mère à Osny (Val d’Oise) dans un foyer de la cité de la Ravinière. Au bout d’un an de séjour dans le foyer, la famille emménage dans la cité H.L.M. des Larris à Cergy.
Peu de temps après Youssoupha apprend le décès de sa mère au Zaïre. La terrible nouvelle bouscule sa vie familiale au moment où il s’agit pour lui de prendre ses marques dans sa nouvelle ville. Commence alors pour Youssoupha une vie classique de jeune banlieusard immigré entre précarité sociale, petite délinquance et vie mouvementé au collège.
C’est à cette époque au contact du rappeur Diable Rouge que Youssoupha commence à s’intéresser à la culture hip-hop en général et au rap en particulier. Déjà attiré par l’écriture, il compose son premier couplet pour ses potes vers 14 ans. A cette époque rien ne va plus aux Larris où les délits se multiplient et où les autorités judiciaires et sociales ont de plus en plus l’œil sur son entourage. En 1993, les problèmes s’étant accumulés, Youssoupha et sa famille sont expulsés de leur appartement et sa tante de retrouve seule sans domicile fixe avec 4 enfants.
Il quitte donc Cergy pour se retrouver quelques mois plus tard à Sartrouville non loin des Indes, une autre cité en crise à l’époque. De tous ses tumultes vécus dans les quartiers de banlieue, Youssoupha garde une certaine amertume qui le pousse à refuser toute apologie de la rue comme aime le faire de nombreux rappeurs… Il va jusqu’à considérer le ghetto français comme « la plus grosse banane que la France lui ait mise ».
Accroché à ses études menées tant bien que mal en suivant un cursus littéraire jusqu’au bac, Youssoupha cultive son amour pour le rap et commence à faire quelques timides apparitions dans les mixtapes et les concerts locaux. Grâce à sa cousine, il rencontre Philo du groupe Ménage à 3 qui lui fait découvrir l’industrie musicale de lintérieur et lui donne l’occasion de poser pour la première fois en studio à l’occasion de l’enregistrement de la compilation « sachons dire non volume I », le projet militant de Monsieur R, lui aussi membre du Ménage à 3. Dans la foulée, Youssoupha intègre une université parisienne.
Mais très vite son envie de faire de la musique dépasse sa rigueur scolaire. Sollicité pour les concerts et les enregistrements de différents projets, il fréquente de moins en moins la fac. En 1998, il commence à travailler avec Prod qui devient son compositeur musical attitré. Sous le nom des Frères Lumière, ils sortent en 199 un Cd 2 titres comprenant le sigle « Etre né quelque part » qui reprend les paroles de la chansons de Maxime Leforestier ainsi que le titre « Né à Kinshasa » où Youssoupha décrit sa ville natale.
Le disque des Frères Lumière ne rencontre pas le succès espéré par la maison de disque et comme les autres titres proposés par Prod et Youssoupha ne séduisent pas la direction artistique, le contrat est rompu. En manque de projet concret, Youssoupha se consacre à nouveau à sa vie universitaire tout en restant au contact de l’activité hip-hop.
En 2001, la compilation Révélations 2001 lui permet de se mettre de nouveau en avant aux cotés de personnalités comme Rohff, Diam’s ou Sinic. Entre temps Youssoupha réussit à mener à bien son cursus universitaire en décrochant notamment plusieurs diplômes d’études supérieures. En 2003, il monte avec les rappeurs Philo, Sinistre, Kozi et le chanteur-compositeur Mike Génie, le groupe Bana Kin qui sort l’album « Tendance ».
Pour ce projet afro-rap qui rend hommage à la musique zaïroise, Youssoupha trouve l’occasion d’exercer pleinement son talent d’interprétation comme à la réalisation.
Le disque est très bien accueilli par la critique et dans la communauté africaine.
Depuis fin 2004, Youssoupha travaille méticuleusement à la conception de son premier album solo : Negritude. Pour cet opus le niveau d’exigence que s’est fixé le rappeur pour les paroles, les musiques et les concepts est très élevé.
L’ambition avouée de cet album est de devenir un classique du rap français dans la ligne de prose combat, Le combat continue ou Opéra Puccino.
En attendant de voir si le pari sera réussi, Youssoupha vous tient en haleine avec un street DVD+CD qui va mettre la pression.
La saga continue…