“Le succès local, c’est bien. Mais ce n’est pas suffisant.”
Cette phrase, signée Burna Boy, résonne comme un coup de poing dans une industrie africaine souvent piégée entre viralité locale et absence de modèle économique durable. Dans un message brut et sans détour, l’artiste nigérian met à nu une réalité que beaucoup évitent d’affronter :
“Ne vous laissez pas tromper par les fans Twitter ou les classements locaux. Ils ne rempliront pas un stade pour vous. 1 million de streams au Nigeria, c’est à peine 300 $. Aux USA ou en Europe, c’est 10 fois plus.”
Ce constat, amer mais lucide, illustre un décalage structurel entre la consommation de musique en Afrique et la capacité des artistes à en vivre réellement.
Nigeria vs RDC : deux mondes, deux dynamiques
Le Nigeria, avec ses infrastructures numériques, son écosystème d’exportation et sa proximité avec l’industrie anglo-saxonne, a su faire de la musique un véritable produit d’export. Burna Boy, Tems, Rema, Ayra Starr et tant d’autres sont aujourd’hui des noms globaux.
Et la RDC dans tout ça ?
- Le streaming reste peu développé, notamment en dehors des grandes villes,
- La monétisation YouTube et TikTok n’est pas activée localement,
- Et le faible taux de bancarisation empêche de nombreux artistes de recevoir leurs revenus numériques.
Résultat ? Même avec des millions de vues, les artistes congolais peinent à convertir leur notoriété en revenus réels.
L’illusion des chiffres : pourquoi les vues ne suffisent pas
Des clips à un million de vues, des fans passionnés sur Instagram ou Facebook, des shows à guichets fermés à Kinshasa : tout cela est réel. Mais cela ne se traduit pas automatiquement en revenus bancaires.
En RDC, l’économie numérique est freinée par trois obstacles majeurs :
- L’absence d’accès à la monétisation (faute de systèmes locaux activés),
- Le manque d’éducation financière et numérique,
- Une distribution musicale peu adaptée aux standards internationaux.
Et pourtant, le talent congolais est mondialement reconnu. Alors que manque-t-il ?
Passer du local au global : un virage stratégique
Il est temps de changer de perspective. L’enjeu n’est plus seulement d’être aimé localement, mais de devenir rentable globalement.
Voici quelques pistes concrètes :
- Optimiser sa distribution via des plateformes qui payent vraiment (Tunecore, DistroKid, CD Baby, etc.),
- Cibler les marchés diasporiques et francophones à fort pouvoir d’achat,
- Créer du contenu exportable (visuels, bio, EPK, storytelling…),
- Se former au business de la musique, à la propriété intellectuelle et à la monétisation numérique,
- Diversifier ses revenus (placements de produits, shows privés, sync music, partenariats brandés).
Conclusion : le monde ne viendra pas à nous. C’est à nous d’y aller.
L’industrie musicale congolaise a tous les ingrédients du succès : originalité, héritage culturel, énergie. Mais elle doit désormais passer à l’étape supérieure : s’industrialiser, se structurer, et sortir du piège de la visibilité sans viabilité.
Comme le dit Burna Boy, les likes ne remplissent pas les stades. Et surtout, ils ne remplissent pas les comptes bancaires.
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