La Commission Épiscopale pour l’Éducation Chrétienne (CEEC), organe de la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO), a clarifié sa position face à la récente circulaire du Secrétaire Général à l’Éducation relative au maintien des élèves enceintes dans les établissements scolaires. Cette prise de position s’inscrit dans un débat national plus large sur l’équilibre entre les droits éducatifs et les valeurs religieuses, reflétant des tensions similaires observées dans d’autres contextes internationaux .
Un cadre juridique et moral distinct
Dans une correspondance officielle datée du 16 juillet 2025, le Directeur de la CEEC, l’Abbé Emmanuel Bashiki , a rappelé aux coordinateurs provinciaux et diocésains que les Écoles Conventionnées Catholiques (ECC) ne sont pas soumises à cette circulaire. S’appuyant sur l’Article 5 de la Convention spécifique sur l’Éducation (Art. 17), la CEEC affirme que ces établissements sont régis par des principes de moralité et de discipline stricts en matière de mœurs, incompatibles avec le maintien d’élèves enceintes . Cette position rejoint celle défendue par l’Église catholique dans d’autres pays, où l’enseignement religieux est considéré comme un pilier de la formation intégrale de la personne, incluant une dimension éthique et spirituelle .
Une exclusion assumée, mais une orientation proposée
L’Abbé Bashiki a noté que le Secrétaire Général à l’Éducation semblait lui-même reconnaître cette exception, puisque la circulaire n’a pas été transmise au Coordinateur National des ECC. Toutefois, dans un souci de « charité chrétienne », la CEEC encourage ses collaborateurs à diriger les élèves concernées vers des établissements publics ou autres structures adaptées, tout en maintenant leur engagement en faveur d’une éducation « ancrée dans une éthique chrétienne rigoureuse » . Cette approche rappelle les recommandations du Vatican sur la collaboration entre familles et écoles pour préserver les valeurs religieuses, tout en évitant les fractures sociales .
Un débat national aux multiples facettes
Cette déclaration intervient dans un contexte où la question des adolescentes enceintes à l’école divise la société congolaise. D’un côté, les défenseurs des droits humains et de l’éducation inclusive plaident pour leur maintien, arguant que l’exclusion aggrave les inégalités . De l’autre, les institutions religieuses, comme la CEEC, insistent sur la primauté des valeurs morales, un débat également présent en France avec le Conseil des sages de la laïcité, qui défend une approche républicaine distincte des doctrines religieuses . Par ailleurs, des résolutions internationales, comme celles de l’Académie du Fiqh Islamique, soulignent l’importance de l’éducation religieuse pour promouvoir des comportements sociaux conformes aux préceptes moraux .
Perspectives et réactions
La position de la CEEC pourrait susciter des réactions contrastées. Si elle rassure les familles attachées à l’éducation confessionnelle, elle risque d’être perçue comme discriminatoire par les militants des droits des femmes. Le gouvernement congolais devra ainsi naviguer entre respect des accords avec les confessions religieuses et application des politiques éducatives inclusives, un équilibre déjà complexe dans des pays comme la France, où la laïcité scolaire est strictement encadrée .
En conclusion, la CEEC réaffirme par cette déclaration son attachement à un modèle éducatif où foi et morale sont indissociables, tout en participant malgré tout à un effort collectif pour l’accès à l’éducation. Le dialogue entre acteurs religieux, étatiques et civils reste essentiel pour concilier ces impératifs apparemment contradictoires.
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