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JOUR 5 : GUERRE DE 6 JOURS A KISANGANI récit par Alesh (5-10 juin 2000)

GUERRE DE 6 JOURS KISANGANI

POUR LA MÉMOIRE COLLECTIVE (20 ans sans Justice).

GUERRE DE 6 JOURS A KISANGANI récit par Alesh (5-10 juin 2000)

VENDREDI 09 juin 2000… #5èmeJour de Guerre.
POUR LA MÉMOIRE COLLECTIVE (21 ans sans Justice).

C’était un jour d’anniversaire dans ma famille… Ma petite sœur, la cadette de la famille « fêtait »… non… venait d’avoir 9 ans (En passant, Heureux Anniversaire Laurianne pour tes 30 ans! 💛).

La suicide squad de l’avenue (tous les hommes désignés à aller chercher de l’eau) se réunit peu à peu pour le 2ème tour d’aventure. Cette fois-là, quelques femmes courageuses se joignirent au groupe… j’ai encore en tête l’images des grandes sœurs de la Famille Odia. Il est environ 8h30 quand la marche vers la 4ᵉ avenue commença (lieu où se trouvait la source… disons l’étang).

Le quartier était ce jour-là d’une pestilence horrible ! Une mauvaise odeur provenant des centaines des cadavres qui commençaient à pourrir dans le quartier… mais faut-il préciser, ces cadavres étaient tous curieusement ceux des militaires ougandais. Mais pourquoi pas des militaires Rwandais ? Parce qu’en effet, les Rwandais n’abandonnent jamais les cadavres de leurs compatriotes en ligne de front. Ils font toujours tout, quitte à y laisser leurs vies, pour récupérer leurs cadavres durant la guerre et ne rien laisser comme indice. 30 minutes après notre départ, après plusieurs stops en se couchant au sol à chaque fois que les coups de feux s’intensifiaient, nous arrivâmes à la source.

Et comme vous pouvez l’imaginer, tout le monde voulait puiser de l’eau en premier et des querelles de familles éclatèrent à nouveau. Cette fois-là, quelques sages présents ont dû intervenir pour calmer les plus chauds. Après plusieurs heures, nous avions tous réussi à rentrer chez nous. Nous arrivâmes à la maison aux alentours de 13 heures où les membres de notre famille s’inquiétaient grave en pensant que le pire aurait pu arriver.

Une heure après, ma sœur Rachel nous fit des petits bols de riz… en milieu d’après-midi, la situation s’empira… l’armée Rwandaise avait décidé de faire du forcing et repousser les Ougandais. Il y eût beaucoup de morts cet après midi là.
L’armée Rwandaise avait reçu des renforts (apparemment 2 types de militaires). Il y avait un groupe de militaires qui se battaient nus avec des foulards rouges attachés à la tête et poussant des cris bizarres à la Xena la guerrière, et un autre, apparemment des jeunes qui avaient à peu près mon âge à l’époque et qu’on devait fouetter pour qu’ils avancent vers le casse-pipes du front… ils avançaient en pleurant comme des bébés. C’est la première fois que nous découvrîmes que les militaires Rwandais avaient aussi peur de mourir au front… le stéréotype que l’on avait d’eux, c’était qu’ils étaient des vrais suicidaires au mental Kamikaze.

C’était absolument faux ! Ils étaient faibles comme nous tous !
Par la fenêtre de la chambre où s’était caché papa, nous entendions un de leurs «afande» c’est-à-dire « Officier » leur dire : «alakini nyiye kabisa, mi na sema mu songe mbele na mimi tu gonge aduyi, nyiye muna ji fitsha nyuma yangu. Sasa mu ni ambiye, muko ba escortiiiiiii ao?»… je traduis à peu près : « Franchement Vous autres ! Je vous demande d’avancer avec moi pour qu’on tue l’ennemi, vous vous planquez derrière moi… maintenant dites-moi, Vous êtes des gardes ou autre chose ? ».

Ils finirent par avancer vers les positions Ougandaises, et 15 minutes après, à travers les rideaux, on a aperçu ses militaires rentrer en courant et en criant, avec un corps saignant abondamment… l’afande s’était pris une balle dans la tête… ses militaires allèrent entreposer son corps chez un voisin qu’on appelait affectueusement Vieux Bradock.

Il y eût beaucoup de morts cet après midi là et la guerre était très violente ce jour-là. Il est très important de vous dire que durant toute la guerre, sur 24h, je crois qu’on priait 20h par jour.

JE resterai marqué à vie par ces événements…

Quand on a connu la laideur de la cruauté humaine, Entretenir la mémoire, combattre l’oubli afin que les mêmes erreurs ne se reproduisent est une obligation.

Afin que le monde n’oublie pas. Tant que Facebook existera, Du 5 au 10 juin de chaque Année, je raconterai l’histoire de la guerre la plus meurtrière et impitoyable que j’ai vécue.
Vous l’aviez peut-être lue sur ce mur durant les années précédentes, mais il en sera ainsi chaque année ! Lisez et partagez-la encore cette année.

J’invite tous les ressortissants de Kisangani ayant connu la guerre de 6 jours en 2000 entre les armées Rwandaise et ougandaise de partager pendant 6 jours, soit des photos, soit leurs histoires pour que le monde n’oublie pas le tort irréparé qui nous a été causé.
Utilisez 2 hashtags pour que l’on retrouve facilement nos histoires #Joubliepas et #Kisangani6Jours

J’écris cette histoire pour qu’un jour personne n’ose l’écrire à notre place. Un projet de livre, de spectacle musical et de bande dessinée est en cours (oui, il ne faut pas que nos enfants ignorent notre histoire).

Si un jour je ne vis plus, je confie la paternité de ces textes à mes frères Guy et Gloire, à ma fille Imara, et à ma Femme.

Si Vous aimez la RDC en tant que fils/fille, ou que vous en êtes ami, énorme Merci à Vous de partager ce post. Faisons-le tourner sur la toile afin qu’un jour personne ne tente d’effacer cette partie de NOTRE HISTOIRE.

À demain pour le récit détaillé du Dernier jour de la fameuse guerre de 6 jours 🙏🏽.

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