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Kinshasa : Quand la moindre pluie transforme la ville en un lac infernal

Un ciel qui s’assombrit, les premiers grondements du tonnerre, et c’est une vague d’angoisse qui parcourt la ville. À Kinshasa, la saison des pluies n’est plus un simple aléa climatique, mais un cauchemar récurrent qui paralyse la mégalopole et expose au grand jour ses profondes fragilités. Une question simple se pose alors : comment une simple averse peut-elle suffire à submerger une capitale et à bloquer la circulation de millions d’habitants ?

Le spectacle désolant, des rues devenus rivières

Il ne faut souvent pas plus d’une heure de pluie modérée pour que le paysage urbain se métamorphose en un chaos aquatique. Certains coins de la ville, comme Ngaba, Matete, Limete, bumbu, selembao, kalamu ou encore des artères du centre-ville, sont systématiquement et instantanément submergés. Les rues se transforment en torrents boueux, les avenues en canaux impraticables.

Le résultat est une paralysie totale. Les voitures, prises en étau par les eaux, calent les unes après les autres. Les motos-taxis, pourtant rois de la débrouille, hésitent à s’aventurer dans ces eaux dont ils ignorent la profondeur. Les piétons, contraints de renoncer à leurs chaussures, tentent de naviguer entre les flots d’eau sale, les détritus remontés à la surface et les eaux usées débordées.

Comment circuler quand la ville devient un vrai lac ? La réponse est simple et amère : on ne circule plus. La vie économique et sociale s’arrête nette.

L’abcès Crevant : Bien plus qu’un problème météo

Le phénomène est systématiquement attribué à la « violence » des pluies. Pourtant, le vrai coupable n’est pas dans le ciel, mais bien sous nos pieds. Cette incapacité chronique de Kinshasa à absorber l’eau de pluie est le symptôme de plusieurs maux structurels notamment le système d’évacuation des eaux pluviales ; un fantôme. Les caniveaux sont soit obstrués par des montagnes de déchets plastiques, soit tout simplement inexistants. Des années d’urbanisation anarchique et d’absence d’entretien ont eu raison de ce qui fut peut-être un réseau.

Il y a également l’urbanisation sauvage. La construction dans les zones naturelles d’écoulement et le bétonnage de tous les espaces perméables empêchent l’infiltration de l’eau dans le sol. L’eau n’a nulle part où aller, sinon dans les rues. Ajouter à cela, le manque criant d’assainissement. La gestion des ordures ménagères reste un défi immense. Les sacs plastiques et autres détritus jetés dans la nature finissent immanquablement par boucher les rares conduits d’évacuation.

Une ironie amère : Contrôle technique et Routes impraticables

Dans ce contexte de crise infrastructurelle permanente, une autre nouvelle fait débat : l’exigence du contrôle technique des véhicules. Si l’intention d’améliorer la sécurité routière et de réduire la pollution est louable en théorie, elle sonne comme une dissonance criante pour les Kinois.

Quelle est l’utilité première d’un véhicule en parfait état mécanique si les routes sur lesquelles il doit circuler sont, plusieurs mois par an, des rivières hostiles et imprévisibles ?

Les conducteurs sont priés d’avoir des freins et des pneus irréprochables pour affronter des routes qui, elles, ne répondent à aucune norme de sécurité. Cette mesure, bien que relevant d’une logique administrative, semble ignorer la réalité du terrain : la plus grande menace pour la circulation à Kinshasa n’est pas (seulement) le véhicule vétuste, mais l’environnement urbain lui-même, dégradé et non régulé.

Un besoin urgent de solutions structurelles

Kinshasa étouffe sous ses propres faiblesses. Les inondations à répétition ne sont pas une fatalité, mais le résultat d’un abandon des infrastructures de base. La ville a besoin de plus que de simples discours ou de mesures isolées.

Elle a besoin d’un assainissement en profondeur, d’un plan drastique de gestion des déchets, d’un vaste programme de désensablement et de construction de caniveaux, et d’une politique d’urbanisme rigoureuse. Tant que ces problèmes structurels ne seront pas affrontés avec courage et détermination, les Kinois continueront de patauger, littéralement et métaphoriquement, dans les eaux stagnantes d’un développement inachevé. La ville doit se réveiller, avant que la prochaine grande pluie n’emporte un peu plus de sa dignité.

Pop KIDIMBU


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