Musique

Moïse Mbiye s’interroge : Est-ce que je dois mourir pour être reconnu dans ce pays ?

Moise Mbiye

Lors de l’assemblée générale de la justice qui s’est tenue récemment au centre financier de Kinshasa, Moïse Mbiye, pasteur et chantre de l’Éternel, a soulevé des questions poignantes sur la reconnaissance des artistes en République Démocratique du Congo. À travers un discours passionné, il a plaidé pour une meilleure protection et un traitement plus respectueux des artistes, notamment lorsque ceux-ci commettent des erreurs.

Une voix pour les artistes

Moïse Mbiye n’a pas hésité à dénoncer la culture de l’humiliation qui entoure souvent les artistes en cas d’arrestation. Selon lui, les agents de l’ordre adoptent une mentalité déplorable en cherchant à rabaisser les créateurs plutôt que de leur offrir une réelle prise en charge face à leurs faux pas.

« Oui, il faut sanctionner, mais lorsqu’un artiste commet une erreur, il ne devrait pas d’abord être humilié avant d’être corrigé par la loi. J’ai été victime de cela, et c’est vraiment déplorable », a affirmé Mbiye.

Dans cette même lancée, il a souligné que le processus de correction devrait être empreint de respect et de dignité.

« Je ne suis pas là pour demander un traitement de valeur, mais plutôt pour dire ceci : lorsqu’il y a des erreurs, il y a des punitions sévères. Mais que faisons-nous quand un artiste accomplie de bonnes choses ? », a-t-il questionné avec ferveur, attirant l’attention sur l’absence de reconnaissance des contributions artistiques positives.

La triste réalité de la reconnaissance

Une autre question d’une grande importance a surgi dans le discours de Mbiye : la reconnaissance des artistes vivants dans la culture congolaise. Il a fait référence au monument situé sur le rond-point Victoire, connu sous le nom de « Place des artistes », et a exprimé sa gratitude pour cet espace dédié. Cependant, il a aussi déploré que l’ajout de noms sur ce monument soit généralement associé à la mort : « Pour ajouter ton nom dans ce lieu, il y a une condition, il faut mourir. Je ne fais que dire la vérité. Alors, parce qu’il faut mourir, excellence, pour être reconnu dans ce pays, est-ce que moi aussi je dois mourir ? » a-t-il conclu, interrogeant la communauté sur cette triste réalité.

Moïse Mbiye a ainsi réussi à mettre en lumière la lutte à laquelle font face les artistes en RDC. Au-delà de la simple reconnaissance, il appelle à un changement de mentalité et à un respect fondamental pour ceux qui contribuent à la richesse culturelle du pays. Les artistes méritent non seulement d’être notés après leur décès, mais aussi d’être célébrés et respectés en tant que vivants et créateurs.

Un appel à l’action

Son intervention résonne comme un appel à la conscience collective de la société congolaise, incitant à une réflexion plus poussée sur la valeur des artistes et sur la nécessité de créer des structures qui protègent et honorent leur travail. L’heure est à l’éveil des consciences et à la prise de mesures concrètes pour que chaque artiste, comme Moïse Mbiye, ne se sente plus contraint de se poser la question existentielle de la reconnaissance dans son propre pays.

En cette ère où la voix des artistes est nécessaire plus que jamais, il convient de se demander : quels mécanismes mettrons-nous en place pour garantir la dignité et le respect des créateurs, afin qu’ils ne soient pas obligés de choisir entre leur art et leur réputation ?

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