L’instabilité chronique, mal incurable de la sélection féminine de RDC ?
C’est désormais officiel. Pamphile Mihayo Kazembe, l’actuel entraîneur du CS Don Bosco, a été nommé à la tête des Léopards Seniors Dames. Une annonce qui, loin de susciter un enthousiasme unanime, soulève une inquiétante question : celle de l’instabilité endémique qui frappe le banc de la sélection féminine congolaise.
Avec cette nomination, Mihayo devient en effet le septième sélectionneur à se succéder à ce poste depuis 2023. Un chiffre qui donne le vertige et qui peint le tableau d’une gestion en roue libre, où la durée de vie d’un coach se mesure en mois, parfois même en matchs.
Un siège éjectif à haut débit
Le parcours récent des Léopards Dames ressemble à un manuel de l’instabilité sportive. Le départ de chaque technicien a souvent été précipité par des résultats décevants, sans qu’une vision à long terme ne soit jamais esquissée. Le dernier en date, Hervé Happy, en a fait les frais après le fiasco de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2024 au Maroc. Une campagne catastrophique qui a vu les Léopards quitter la compétition avec un bilan cinglant : zéro point, zéro victoire, élimination dès la phase de groupes.
Dans ce contexte, la Fédération Congolaise de Football-Association (FECOFA) a donc une nouvelle fois actionné le levier du changement, espérant que Mihayo sera la solution miracle.
Mihayo : le bon choix au pire moment ?
La désignation de Pamphile Mihayo n’est pas surprenante en soi. Réputé pour son travail de fond avec les jeunes et son expérience dans le championnat national, il incarne un profil connu et respecté localement. Cependant, c’est le calendrier et les conditions de sa prise de fonction qui interpellent.
Le nouveau sélectionneur n’aura en effet pas le temps de souffler. Son premier défi est de taille : affronter les redoutables Banyana Banyana de l’Afrique du Sud, championnes d’Afrique en titre, dès ce mois d’octobre. Ces deux chocs (les 22 et 28 octobre), dans le cadre des éliminatoires de la CAN Féminine 2026, représentent un baptême du feu des plus périlleux.
Comment construire une équipe compétitive, instaurer un style de jeu et redonner confiance à un groupe meurtri en si peu de temps ? La mission de Mihayo semble aussi périlleuse qu’injuste.
Un défi qui dépasse le simple sport
Au-delà du défi sportif, la tâche de Mihayo sera avant tout structurelle et psychologique. Il devra :
1. Stabiliser un groupe en manque de repères après des mois, voire des années, de changements incessants.
2. Restaurer une confiance visiblement érodée après l’humiliation de la CAN au Maroc.
3. Imposer ses idées rapidement face à une adversaire de calibre mondial, sans période de préparation idéale.
La nomination de Mihayo est un pari. Un pari de plus. Si la FECOFA espère en faire l’homme de la situation, elle doit aussi se poser la question de sa propre responsabilité dans cette valse des entraîneurs. Sans un projet clair, une patience et un soutien inconditionnels, le septième sélectionneur en deux ans pourrait bien connaître le même sort que ses prédécesseurs.
Les Léopards Dames ont du talent. Leur éclat ne pourra toutefois briller de nouveau que dans un cadre stable et serein. Le premier test contre l’Afrique du Sud sera bien plus qu’un simple match : ce sera le premier indicateur de la capacité de Mihayo à inverser une courbe infernale, et celle de la FECOFA à enfin offrir à ses techniciens le temps nécessaire pour travailler.
Pop KIDIMBU
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