À Kinshasa, les paris sportifs et les jeux de hasard sont devenus une véritable passion pour de nombreux habitants. Mais depuis quelques mois , un phénomène nouveau suscite l’inquiétude : la participation croissante des femmes, des jeunes filles et même des mineurs à ces activités. Motivés par l’espoir de gains rapides, ces nouveaux parieurs défient les normes sociales et les risques liés à l’addiction. Une situation qui divise et alarme même les habitués des salles de paris.
L’essor des paris sportifs à Kinshasa: un marché en pleine croissance
Les paris sportifs, notamment sur le football, ont explosé à Kinshasa ces dernières années. Des enseignes locales et internationales ont investi la ville, installant des points de paris à presque tous les coins de rue. Ces espaces, souvent bondés, attirent une clientèle majoritairement jeune et masculine.
Pour beaucoup, les paris sportifs représentent une échappatoire à la précarité économique.
Pour Jeanne Malueki, habitante du quartier Maman Mobutu dans la municipalité de mont-Ngafula, parier peut l’aider un jour à changer sa vie :
« Je mise chaque jour au moins 20.000 Fc et je peux gagner jusqu’à 2.000.000 Fc. C’est une chance de changer ma vie », explique-t-elle
La montée des femmes, filles et mineurs : un phénomène nouveau
Traditionnellement réservés aux hommes, les points de paris voient désormais affluer des femmes, des jeunes filles et même des mineurs. Ces nouveaux parieurs espèrent gagner de l’argent pour subvenir à leurs besoins ou financer leurs études.
Pour Dorcas KINDUELU rencontrée sur un point de paris au croisement des avenues kabinda-mushi à lingwala, parier sur les matchs du football est un risque à prendre :
« Je viens ici pour parier sur les matchs de football afin de gagner quelques choses, ce n’est pas un péché qu’une fille tente sa chance.Au début, je gagnais, mais maintenant je perds tout. Je sais que c’est risqué, mais je n’ai pas d’autre choix. Je vais continuer jusqu’à ce que je vais décrocher le jackpot »
Et Anita Mbuyi ajoute :
« Mes amies m’ont encouragée à essayer. On mise nos petites économies, mais souvent on perd. C’est comme une drogue. Je ne peux plus laisser. Je continuerai à parier »
Réactions des parieurs traditionnels
Par contre, certains points de paris refusent désormais l’accès aux femmes, arguant que leur présence perturbe l’ambiance. Les jeux de hasard, par nature imprévisibles, exposent les participants à des risques d’addiction et de dettes. Pour les mineurs, les paris sportifs deviennent une distraction nocive.
« Au lieu d’étudier, ils passent des heures à suivre les matchs et à parier en négligeant les cours, ils s’adonnent à l’argent à la place de construire leur avenir pour en gagner d’une manière différente », déplore Eric Mavakala, un enseignant.
Régulation et solutions : un défi complexe
En RDC, la régulation des jeux de hasard et des paris sportifs reste floue. Les autorités peinent à encadrer ce secteur en pleine expansion. Certains parieurs eux-mêmes réclament des mesures pour limiter l’accès des mineurs et protéger les populations vulnérables.
La situation à Kinshasa n’est pas isolée. Dans de nombreux pays africains, les paris sportifs connaissent une croissance fulgurante, attirant une clientèle de plus en plus jeune et diversifiée.
Par ailleurs, les paris sportifs à Kinshasa reflètent les défis économiques et sociaux d’une jeunesse en quête d’opportunités. Mais derrière l’espoir de gains rapides se cachent des risques majeurs : addiction, endettement et exploitation. Pour protéger les populations vulnérables, une régulation stricte et une sensibilisation accrue sont indispensables.
✍️ Pop KIDIMBU
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