Le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC) a récemment pris une décision marquante en suspendant, pour une période de 90 jours, la diffusion de la chaîne qatarie Al Jazeera sur l’ensemble du territoire de la République Démocratique du Congo. Cette mesure, qui est entrée en vigueur le 13 janvier, fait suite à la diffusion d’une interview du chef du mouvement rebelle M23, Bertrand Bisimwa, réalisée par la journaliste Bojana Coulibaly le 1er janvier.
Le CSAC justifie cette décision en qualifiant l’entretien de « violation de l’ordre public », mettant en avant des préoccupations relatives à la « sûreté » et à la « sécurité nationale ». Selon l’instance de régulation congolaise, Al Jazeera a relayé une « campagne subversive » dont l’objectif serait de « désinstaller les institutions de la République ». D’autant plus que l’interview aurait été réalisée par une journaliste soupçonnée d’entretenir des liens avec le Rwanda, alimentant ainsi les suspicions du gouvernement congolais.
Cette décision intervient à un moment de tensions déjà vives entre Kinshasa et le M23, groupe rebelle actif dans l’Est du pays, ayant exacerbée la situation sécuritaire. Dans un climat déjà tendu et de fermeté, le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, a annoncé le retrait des accréditations de presse des journalistes travaillant pour Al Jazeera. Le ministre d’état en charge de la Justice, Constant Mutamba, a quant à lui exprimé de manière virulente que toute personne, qu’elle soit politique, religieuse, issue de la société civile ou de la presse, relayant les activités du M23 pourrait s’exposer à des sanctions sévères, y compris la peine de mort.
La suspension de la chaîne Al Jazeera illustre la détermination du gouvernement à contenir toute forme de soutien, direct ou indirect, à la rébellion, tout en soulignant les préoccupations sécuritaires et politiques exacerbées par les conflits armés qui sévissent en République Démocratique du Congo. Alors que le pays traverse une période de turbulences, cette décision pourrait également avoir des répercussions importantes sur la liberté de la presse et le paysage médiatique congolais, soulevant des questions sur la liberté d’expression et le rôle des médias dans un environnement politique tendu.
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