Une investigation exclusive révèle comment les étals de pièces automobiles se transforment en lits de fortune pour un commerce du sexe florissant et visible de tous.
Notre enquête menée dimanche dernier dans la commune de Matete lève le voile sur un phénomène aussi surprenant que préoccupant : la double identité du marché Tomba. Espace dédié à la vente de pièces en fer et à la mécanique (« mabende ») en journée, il se mue en un vaste réseau de prostitution une fois la nuit tombée, et ce, dans une impressionnante impunité.
De la clé à molette aux « vendeuses de charme »
La journée, Tomba est un royaume masculin, bruyant et industrieux. On y négocie des accessoires moteurs, on y façonne le métal. Mais au crépuscule, une autre économie prend le relais. Les « filles de joie », ou « vendeuses de charme » comme les désignent les riverains, investissent les lieux. Notre observation sur place est sans équivoque : les étalages se transforment en lit et le commerce du sexe s’y pratique « aux yeux de tout le monde ».
Sous l’œil impuissant des autorités municipales
Le plus frappant est le caractère public et ostensible de cette activité. Selon nos constats, cette transformation se déroule « sous l’œil impuissant des autorités municipales ». Cette situation pose une sérieuse question sur l’application de la loi et le contrôle des espaces publics à Matete, laissant les habitants et les commerçants diurnes face à un phénomène qu’ils déplorent mais semblent impuissants à enrayer.
Au-delà du « plaisir », l’arnaque et le vol
Si l’offre de « plaisir » est évidente, elle n’est pas sans danger. Gloire Masamba, un habitant du quartier Tomba, lance un avertissement sans ambages :
« Au delà de plaisir, les mêmes vendeuses de charme peuvent vous dépouiller de vos biens si vous êtes distrait. » Cette double menace de prostitution et de vol ajoute une couche d’insécurité à ce tableau déjà sombre, dissuadant beaucoup de riverains de s’aventurer aux abords du marché la nuit.
Entre le jour du fer et la nuit du sexe, le marché Tomba incarne ainsi un des visages les plus schizophréniques de l’économie informelle kinoise, où la loi du silence et de la débrouille semble avoir remplacé celle de l’État.
Pop KIDIMBU
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