À Kinshasa, les embouteillages monstres sont une plaie quotidienne. Mais la dernière trouvaille des autorités pour y remédier fait grincer des dents : les véhicules circuleront en alternance selon que le dernier chiffre de leur plaque est pair ou impair. Une décision choc, présentée comme une solution miracle, mais que de nombreux Kinois qualifient déjà de « mesure de désespérés », voire de « diversion politique » pour masquer l’incapacité à réhabiliter un réseau routier en lambeaux.
Une mesure « à dormir debout » ?
Le principe est simple : les jours pairs, seuls les véhicules dont la plaque se termine par 0, 2, 4, 6 ou 8 ont le droit de circuler dans les zones congestionnées. Les jours impairs, c’est l’inverse.
« C’est comme soigner un cancer avec un pansement », ironise un automobiliste. « Au lieu de s’attaquer aux vraies causes, les routes défoncées, l’absence de transports en commun, on punit les citoyens. »
« On nous prend pour des cobayes ! » : la colère des Kinois
Sur les réseaux sociaux,les internautes s’allument les débats . Des vidéos montrent des artères toujours bloquées.D’autres pointent l’absurdité logistique : les bus et taxis seront-ils exemptés, mais ces derniers, déjà surchargés, suffiront-ils à absorber la demande ?
Un cache-misère pour éviter les vrais travaux ?
Derrière la polémique, c’est l’inaction persistante face à l’état des routes qui crispe. Kinshasa compte moins des routes asphaltées du début jusqu’à la fin, et la saison des pluies transforme chaque année certaines avenues en fondrières.
Les critiques visent directement le gouverneur de la ville, accusé de privilégier les mesures low-cost « médiatiquement rentables » plutôt que les chantiers structurants.
« C’est plus facile de jouer avec les plaques que de lutter contre la corruption qui détourne les fonds destinés aux infrastructures », lance un militant de la société civile.
Conclusion : Kinshasa, laboratoire de l’improvisation urbaine ?
En misant sur la circulation alternée, Kinshasa révèle une vérité crue : face à l’urgence climatique et sociale, les villes africaines manquent cruellement de visions ambitieuses. Plutôt que de singer des solutions importées, souvent inadaptées, les dirigeants gagneraient à écouter ceux qui connaissent le terrain – chauffeurs, ingénieurs, citoyens.
Car le vrai danger n’est pas dans les plaques d’immatriculation, mais dans l’engrenage des mesures cosmétiques.
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